• Peut-être qu’elle a raison quand elle me dit que tout ça prend beaucoup trop de temps mais je ne comprends toujours pas en quoi ça les dérange. J’ai arrêté de chercher du soutien depuis le collège déjà, quand j’ai dû aller prouver toute seule à un directeur, du haut de mes 14 ans et de ma timidité qui me brulait, que je ne méritais pas vraiment de pourrir un an de plus ici. Quand le même scénario s’est reproduit un an plus tard j’ai laissé faire, je n’ai eu aucun conseil et j’ai choisi moi-même de redoubler pour finalement en revenir, l’année d’encore après, au même résultat, avec les mêmes propositions. J’ai perdu un an, c’est pas que je regrette, je voulais me prouver quelque chose et n’y suis pas arrivé. Mais je l’ai bien vécu, sur le moment. Je suis arrivée en Terminale en passant totalement inaperçue, les profs ont toujours hésité sur mon prénom, ceux qui ont partagé une année avec moi m’ont oublié dès le premier jour de l’été. Ca ne me posait pas de problème, je n’avais jamais connu autre chose. Je suis arrivée seule à la fac parce que j’ai pris soin au fil des ans de dénouer chaque lien qui commençait à se créer avec qui que ce soit, et à fuir les sacs de nœuds sur pattes. A quoi bon, je savais où ça menait, et ce n’était à rien de bon. J’ai fait tomber mes parents de leur piédestal, alors que je pensais l’avoir déjà fait en les critiquant intérieurement ou plus ouvertement, en les détestant un peu. Mais ce n’était pas vraiment ça, ils étaient encore bien placés sur le podium. Au fil des ans, ils ne sont devenus que des humains. Ce ne sont plus vraiment les mêmes sentiments qui se battent à l’intérieur alors que je vis toujours les mêmes choses qu’il y a 3, 5, 10 ans… et que je continuerais surement de vivre jusqu’à la fin. Je ne suis plus vraiment cette cocotte minute qui attend d’être à bout pour cracher tout ce qui s’accumule depuis trop de temps. Tout simplement parce que ces mêmes choses ne me touchent plus, ou beaucoup moins.


    Tell them you went out to tango
    So casually... 

     

    J’ai cherché le réconfort où je pensais pouvoir le trouver, dans toute cette facilité qu’on nous offre sur un plateau. Dans tout ce que je pensais ne pouvoir jamais avoir, surtout ici, en Normandie. J’ai beau y vivre depuis toujours, ce nom reste pour moi un synonyme de bouseux, de pureté, de sécurité. Alors que je ne me sens ni bouseuse, ni pure, ni en sécurité. Jamais je n’aurais cru qu’il était possible de faire rimer déchéance et Normandie. J’ai marché dans les traces de mon frère, j’ai grandi à part mais dans un monde réel, mais je ne me suis pas sentie pousser des ailes. J’ai juste vu un trou se creuser. J’ai cru trouver mon réconfort quelque part entre le lycée et la fac, mais ça n’a pas vraiment fonctionné. J’ai été attirée par tout ce qui ne pouvait rien m’apporter de bon. C’était prendre moins de risque. Je ne sais pas à quel moment, mais j’ai arrêté de chercher et suis devenue pessimiste. Je ne me suis pas dit qu’il viendrait seul, juste que je ne saurais surement pas le reconnaitre ni en profiter, mais juste gacher. Peut-être que je suis comme elles, j’ai besoin d’une dose de merde dans ma vie pour justement me sentir vivre. Tout ce que j’ai toujours craint de devenir un jour. Des centaines de fois, j’ai pensé être perdue. Je repense à toutes ces années, finalement, je me suis perdue en avril 2001, et je n’ai jamais retrouvé tous les morceaux. Tous ces kitkat n’ont pas suffit à combler le manque. L’inverse n’a pas fonctionné non plus. Le masque, oui. Alors je l’ai adopté, et aujourd’hui nous y voilà. Tout ça, ce n’était pas vraiment moi, et en même temps comment le nier ? Je me suis crée des angoisses et des appréhensions, j’ai repoussé loin de moi l’idée de vivre un jour certaines choses, par peur de ne pas aimer ce que je serais. Mais j'ai voulu recréer ces liens, j'ai beaucoup espéré, mais je sais que je n'y arriverais plus vraiment avant un bon bout de temps. Mais pendant quelques mois j'y ai cru et j'ai aimé. Je n'ai pas cherché à dénouer quoique ce soit, j'ai laissé faire. Ca n'a juste pas pris. Je n'attire pas vraiment les noeuds. C'est difficile à encaisser, ça faisait longtemps que je ne m'étais pas sentie rejetée. Ca faisait longtemps que je n'avais pas voulu me faire accepter, aussi.

    You had me impressed
    The lies you told them were good
    The tears were best

    Je sais qu’ils s’inquiètent, mais pour de mauvaises raisons. Au fond, ce n’est pas vraiment l’important.

    J'ai toujours éloignée de mes pensées cette évidence.

    Say something sweet
    When they find me hanging in our room by the sea


    votre commentaire
  • Ou quand l'art de faire semblant fout le camp.


    votre commentaire
  • Je redoutais cet instant depuis le 1er février. Il n’est jamais trop tôt pour envisager ce genre de chose.

    Je n’ai jamais crains ces moments là avant, je savais que j’y reviendrais. Je n’ai jamais ressentie cette sensation d’éloignement. Je savais que ça reviendrait, toujours, même s’il fallait attendre longtemps, très longtemps, trop longtemps.

    Et là, je crois que ça ne reviendra pas. Je revis le passé, c’est très désagréable. Je n’ai pas bientôt 23 ans, j’en ai 19 de nouveau et je n’aime pas ça.

    Je suis passé en 5 minutes de l’euphorie à la tristesse. Je crois que je n’ai jamais aussi vite chuté.

    Et bizarrement je vais bien. Je le vis plutôt bien. J’ai pris l’habitude de vivre l’éphémère. Même si ça ne me convient pas.

    J’ai 23 ans bientôt et quand j’y pense, je me demande ce que je fous ici à écrire les mêmes choses qu’il y a 4 ans, en changeant le pronom de temps à autre.



    votre commentaire
  • Les gens ne sont pas forcément plus présents d’habitude, mais je dois dire que dans ces moments là, je me sens particulièrement mise de côté, oubliée. J’ai les nerfs à fleur de peau, je retiens les larmes, je ne sais pas trop pourquoi, à priori… pas grand monde pour juger. A part moi-même, bien stupide. Tout est multiplié par dix. Au moins. Les petits sourires que je ne comprends pas, l’humour que je ne veux pas faire l’effort de comprendre, les remarques, les piques, les gestes, absolument tout passe par mon décodeur, je deviens parano, je deviens irritable, susceptible, lunatique, et pour finir, insupportable. Je m’en veux tellement que je préfère en vouloir au monde entier. Et je parle, je bave, je parle et bave encore, et je suis toute seule, parce qu’on ne m’écoute pas, parce qu’on me coupe, parce que gainsbourg et parce que coluche, et avatar, mais putain mais… ta gueule ! Voilà, ça ne va plus, ça fini toujours comme ça. Je fais le maximum, je commence par relativiser, par me dire qu’il y a pire, je pense aux possibilités. Et puis après je pense aux conséquences, aux stratégies, aux balles que je me suis souvent tirée dans le pied, qui est en bien mauvais état aujourd’hui. Je suis mise de côté, toute seule, je suis sur le banc de touche, et putain, je fais quoi maintenant ? Je me colle des migraines, je culpabilise, je pense à ce que j’aurais dû faire, ce que je dois faire maintenant. Finalement je pense trop. Je veux juste m’autoriser, maintenant. Faire diminuer cette pression, passer à autre chose, encore… J’ai dédramatisé avant qu’il y ait quoi que ce soit de dramatique. Et maintenant ? Maintenant, je fais quoi ?

     


    votre commentaire
  • #1